Bonjour Malek Chebel,

Vous êtes  le premier intervenant de “Parole Donnée” et c’est une réelle joie pour moi de vous y accueillir.

Vous avez écrit beaucoup de livres sur le féminin, particulièrement sur le féminin dans le monde arabe.

Les femmes veulent l’égalité avec les hommes ; elles se battent pour gagner leurs droits et leur place dans la société. 

Ici, les valeurs féminines sont en vogue et on parle de plus en plus de « la part féminine » de l’homme. 

Pensez-vous que cela soit au prix d’une certaine dévirilisation des mâles comme peuvent le suggérer certains ?

Voire une diabolisation féministe à l’encontre des hommes ?”

Malek Chebel :

“La Féminisation du monde” : voilà une expression qui me rappelle un livre que j’ai écrit il y a plus de quinze ans.

Ce livre est devenu par la suite “Psychanalyse des Mille et Une Nuits”.

A vrai dire, sous son premier titre, le livre a fait chou blanc : les lecteurs n’étaient pas préparés à cette perspective : féminisation du monde, ce n’était pas encore au programme, trop novateur. Aujourd’hui, les questions de masculinité et de virilité se posent évidemment avec une acuité renouvelée.

Les hommes doivent-ils séduire en exploitant leur “potentiel féminin” ou doivent-ils amener le “complément viril nécessaire” pour que la femme puisse atteindre sa jouissance ? Or, les hommes d’aujourd’hui ne savent plus sur quel pied danser, d’autant que les contradictions dans lesquelles ils se trouvent (ou dans lesquelles ils sont parfois mis par le système des valeurs actuelles) sont exclusives.

Il est rare qu’un homme puisse explorer son potentiel féminin toute la journée, pour être convenablement policé et, le soir venu, restaurer sa fougue masculine et virile, sa puissance cachée, et finalement se comporter avec sa compagne comme le plus accompli des amants. Toutes ces attitudes laissent des traces et certaines sont plus intenses que d’autres.

Il faudrait en effet imaginer un séminaire complet sur l’amour pour démêler tout cet écheveau.

propos recueillis le 18 janvier 2011

(Mon ami Malek nous a quitté le 12 novembre 2016)