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Fariba Hachtroudi, écrivaine

Ecrivaine, fondatrice de l’association MoHa

Auteure : “Abysses” poèmes avec les encres d’Anne Cotrel, Éditions Chèvre-feuille étoilée, coll. D’un art l’autre, 2013

site : www.faribahachtroudi.fr

Bonjour Fariba,

Vous êtes de ces femmes que j’aime rencontrer : engagée, déterminée,  brillante, mais aussi une femme de coeur, sincère et sensible.

Pour preuve, vous oeuvrez comme présidente de l’Association Humanitaire MoHa pour les droits humains et le respect des droits des femmes en Iran.

Je suis en tout cas ravie que nos routes se soient croisées et souvent touchée par nos échanges.

Vous avez écrit, par ailleurs, de nombreux ouvrages, dont le dernier “la gelée royale”. 

A ce propos, vos livres sont disponibles dans le cadre de votre association auprès de Mme Améli au 07 70  52 09 1307 70  52 09 13.  C’est une façon de soutenir ceux qui en ont besoin et d’oeuvrer pour la justice.

Merci chère Fariba de nous partager votre vision dans les réponses que vous faites à mes questions.

Pensez-vous qu’un jour la lutte pour les droits humains n’aura plus de raison d’être ?

F.H : Tout dépend ce que l’on entend par un jour… Si vous situez ce jour dans un million d’année, (voire bien moins), je ne saurais vous répondre. Ce jour sera si loin de nous, si étranger à notre mode de pensée, qu’il ne s’agira plus de l’humain tel qu’on le conçoit aujourd’hui, mais un mutant inconnu de nous. Mais extrapolation et science fiction n’est pas votre propos je suppose. Dans ce cas ma réponse est négative. La nature humaine étant ce qu’elle est, je crois que nous avons de belles années devant nous pour nous occuper de plus en plus de droits humains, notamment ceux des femmes et des enfants.

 

La thérapie individuelle nécessite deux acteurs, l’analysant et l’analysé et l’écriture un seul. Où se cache le thérapeute dans le processus thérapeutique de l’écriture ?

F. H : Là encore on pourrait biaiser et dire qu’en écrivant vous êtes aussi bien l’analysé que l’analysant. Certes, l’écriture est une activité solitaire mais c’est un face à face redoutable. Une mise à nue parfois plus violente qu’en thérapie. De plus le rôle de l’inconscient est prodigieusement complexe. Ce sont quelques points communs entre les thérapies dites classiques et l’art thérapie dont l’écriture qui est probablement le plus proche des thérapies classiques étant donné que le logos en est le coeur. La différence en revanche, et elle est de taille, c’est la présence à l’autre donc l’écoute et le regard de l’autre. La mise à nue se fait en duo et non plus en solitaire. On ne peut pas tricher ou du moins on peut se faire coincer en thérapie – pour employer un langage non thérapeutique – en analyse, ce qui ne risque pas d’arriver en écriture. Gustave Flaubert a beau être l’écrivain de génie, c’est lui qui décide de dévoiler Madame Bovary ou non. Dans l’analyse le transfert est effectif et donc affectif, dans l’écriture elle est abstraite. En un mot on ne se suffit pas à soi-même. Humain trop humain a besoin de l’autre, de l’écoute de l’autre, du regard de l’autre, et donc du ” jugement ” (qui englobe appréciation, valorisation, amour….) de l’autre. Quand on ose se dévoiler devant l’autre, même si on sait que le thérapeute ne juge jamais, on finit par se juger pour guérir… Le curé, du moins le bon curé, fait pareil avec le croyant. Dieu ne juge pas, mais Dieu te regarde, t’entend à travers son ministère et comme il t’aime de toute façon, malgré tes pêchés, tu finiras, si tu le veux, à être digne de son amour etc, etc…

 

La loi garantit à la femme dans tous les domaines des droits égaux à ceux de l’homme.” (préambule de la Constitution du 27 octobre 1946)

L’égalité des sexes est-elle une utopie ?

F.H : Tout d’abord vous parlez de la loi en France. Ailleurs (et dans beaucoup d’ailleurs comme vous le savez) la bataille est engagée pour faire valoir la loi des hommes et non celle dite de Dieu qui n’accorde rien ou presque rien à la femme. Vous voyez déjà qu’il ne s’agit pas d’utopie. Si sous l’Inquisition on avait dit à l’Inquisiteur qu’un jour (ce jour dont vous parliez plus haut), la femme aura les mêmes droits que Toi, ô grand Inquisiteur, et qu’elle pourrait au nom de la Loi t’envoyer en prison si tu oses la maltraiter, il se serait moqué de vous ! Or, ce jour est arrivé – plus que moins – en Occident. Le reste viendra, sans doute. j’en suis persuadée. Mais le chemin est long et les habitudes tenaces. Vous n’éradiquez pas à coup de loi plus de 2000 ans de patriarcat, de machisme de phallocratie et j’en passe. On sait que la loi ne suffit pas. Il faut un changement profond des mentalités et des habitudes. La femme se défendant de mieux en mieux, les hommes suivront forcément. Il suffit de voir déjà l’avancée en la matière dans les pays nordiques et le changement des jeunes générations un peu partout en Europe. Aujourd’hui, personne ne s’étonne de voir les papas gâteux, porter leur bébé collé à la poitrine puis changer les couches avec un bonheur béat qui aurait fait rougir son grand père s’il était vivant….